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 CUBA 
 La Havane 

Session  n°1

Début de l'album dans une ville mythique. 

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Pour mon arrivée je me suis pris une petite piaule chez l'habitant près de l'aéroport à l'hospedgaje Luna.

 

Dès le lendemain après un petit déjeuner où Marcel m'a appris à aimer le café, je décide d'aller faire un tour en ville, le "Padre" m'explique qu'il faut que je me rende à "La Habana vieja" pour trouver de bons musiciens.

Je prépare dans la foulée mon "studio bag" et un ... deux ...

trois ... quatre me voilà tipar.

Pour la première session,

 je n'ai pas recherché d'artistes 

avant mon départ.

Après tout j'arrive dans La Havane

où la musique est sensée être à tous les coins de rue, non?

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“Aquí fue donde el Buena Vista

Social Club empezó a tocar.”

En descendant du bus, ne sachant pas vraiment où commencer mes recherches je me laisse guidé par le flot de cette ville où le soleil, littéralement te frappe.  Je prend une rue, puis une autre, je viens de croiser une voiture avec des roues en bois..je traverse une place ombragée où les enfants jouent et où le reste monde semble patienter tranquillement en attendant que le soleil descende. Les gens m'observent, certain(e)s me demande de la monnaie ou du lait pour les enfants ...  

Un homme me siffle en me voyant traverser la route ( un peu a l'arrache, j'avoue !! ). Il m'invite à le rejoindre. Intrigué, je me dit " un flic en civil ", il ne se présente pas de suite mais veut savoir ce que je fais avec des pieds de micro accrochés à mon sac.

Je lui explique que je recherche des musiciens pour enregistrer les premières pistes d'un album collaboratif. 

« Orlando, hermano, c’est le type que tu dois rencontrer si tu veux sentir le cœur musical de La Havane »

“¿Vienes?”

À la base il partait travailler, mais bon je crois que ses plans ont changé..

 

"ALLONS !!"

​« Ici, hermano… tout est beau, mais rien n’est simple. » 

Jordan marche devant moi, les mains qui balancent comme heureux de vivre, son pas est rapide presque instinctif. Il semble connaître chaque trottoir, chaque façade qui  pourrait cacher de la musique , chaque odeur de cuisine.
Il se retourne vers moi avec un sourire en coin. 

“¿Tienes hambre? Sa voix se perd dans les Klaxons. Je n'ai pas compris..  il le voit .. se retourne et commande un truc .. 

« Tu sais où je t’emmène, hermano ? Tu vas voir, c’est pas juste un bar.  »

Il récupère deux micro pizzas fumante sauce tomate, et une tranche de tomate fraiche. il fait 40 degrés... merci man .. ​Il m’explique en avançant entre les façades fraîchement rafraîchies pour les photos de touristes, où derrière, les bâtiments tombent en ruine qu'à la base, le Yurumi c’était rien. Un trou monté dans les année 70 par un vieux marin, Don Emilio. Il disait que le nom venait d’un fleuve de chez lui… un endroit qui guérit les âmes et aujourd'hui c’est devenu vrai.  Là-bas, tous les jeunes musiciens du quartier y passent un jour. S’ils arrivent à tenir la salle avec trois notes, alors La Havane leur appartient. »

00:00 / 02:56

On arrive devant une porte entrouverte, Jordan pose une main sur mon épaule. « Bienvenido au Yumuri, hermano. 

Il pousse la porte, la musique est bonne, même si l’ambiance reste encore timide : il est tout juste 11 heures. Les premiers touristes s’installent, quelques habitués du quartier lisent le journal en buvant leur café. ou en dormant a moitié posé sur le comptoir.

La Havane a ses propres heures, et pour l’instant elles s’étirent doucement. Jordan me montre une table. Je pose mon sac, il commande deux mojitos, puis va dire quelques mots aux musiciens. Une odeur de rhum frais et de menthe m’accompagne pendant que j’observe la scène.

 

« Tu vois ces gars qui joue là ? » me dit-il en pointant du menton vers le groupe. « Ils ont appris à sourire même quand le frigo est vide.  »​
 

Orlando, vient nous voir après avoir joué quelques classiques de la musique cubaine. Jordan nous présente ; je lui explique le projet Traveller’s Music.

Je leur explique pourquoi je suis venu à La Havane : rencontrer des musiciens, enregistrer les premières notes d’un album collaboratif, voyager à travers le monde avec la musique comme passeport.

Orlando sourit, appelle la jeune serveuse, qui semble d’ailleurs plongée dans la flemme la plus totale, il retourne avec le groupe, m’invite d’un signe de tête à prendre quelques photos. Je m’approche, je cadre, je déclenche. Le son de sa guitare résonne comme une vibration qui ouvre un chemin.

Quand leur set se termine, Orlando me propose d’aller chez lui. Quinze minutes à pied. « On sera plus tranquille, et ma basse est là-bas », dit-il simplement.

Alors je les suis. 

“Si quieres grabar, podemos ir a mi casa, ahí estaremos tranquilos. ¿Tienes todo lo que necesitas contigo?”

— Ici, dit-il en montrant un vieux porche, il y avait un groupe qui jouait le dimanche. De la rumba pure, tu vois ? Claves, une caisse, la voix, et l’écho des immeubles comme quatrième instrument. Plus loin, devant une porte bleue, il ajoute : Et là, c’était, des cuivres…  Tout le quartier venait écouter.

Il me parle des claves traditionnelles, ce rythme qui, selon lui, « commande le cœur de la musique cubaine ».

— La musique commence ici, dit-il en tapant deux doigts contre son sternum. Mais c’est les claves qui lui disent comment marcher.

Puis il évoque les cuivres, un large sourire aux lèvres. Son préféré ? Le trombone. il m'invite a écouter Yordan Martinez.

— Le trombone il n’est pas poli, il dit la vérité. Et dans la rue, il sonne encore mieux. Il se bat et Il gagne toujours.

  ORLANDO  

BASS ET VOIX

ENREGISTREMENT 1

00:00 / 02:20

La prise jack de sa bass ne fonctionnait plus. ARFF..
Il le branche, débranche, tapote le câble, souffle dessus, dedans, rien.
Puis Orlando lève les yeux vers moi, dépité, les épaules tombantes, comme si tout l’élan venait de s’effondrer en une seconde.

« Hermano… on ne pourra pas enregistrer comme ça », murmure-t-il.

Jordan secoue la tête, blasé, habitué à ce genre de coups du sort.
Moi, je reste un instant figé… puis une idée : ce petit micro de contact acheté à Paname, sur un conseil , juste avant le départ.
Une de ces décisions impulsives qui n’ont aucun sens jusqu’au jour où elles en ont un.

« Attends.  J’ai ça. on sait jamais. »

Orlando écarquille les yeux, attrape le micro entre ses doigts, le tourne, le scrute, comme si je venais de lui remettre une clé magique.
« C’est parfait, ça ! » s’exclame-t-il en le plaquant doucement contre le bois de sa basse.

Jordan sourit, 

Et à cet instant, je comprends que ce projet va se construire comme ça : avec des câbles capricieux, des rencontres imprévues, des solutions bricolées ...

Entre deux riffs sur sa basse, quelques improvisations, des rires, du rhum tiède et l’histoire d’un trombone invisible,La journée s’est évaporée sans que je m’en rende compte.  Orlando referme. Ton hôtel est par ici ? me demande-t-il en s’allumant une cigarette. Nous on retourne au bar pour jouer
Je secoue la tête. Je suis a coté de l'aéroport. 

Orlando me salue avec un simple signe, comme si nous nous reverrions demain. Et peut-être que c’est vrai.

Je marche jusqu’à l’avenue principale rejoindre des bus bondés.

Le bus arrive les portes s’ouvrent. J’y monte. Je m’assois, épuisé, avec la certitude que je suis au bon endroit.

Le bus ferme ses portes et termine cette journée

Le lendemain. Pas de gloire matinale, Je dérushe, je trie, je copie sur les disks.

En début d’après-midi, je me motive. Bus direction le centre puis la côte : le fils m’a conseillé un endroit « sympa ». magnifique, oui. Touristique aussi. Bien pour boire une bière en regardant la mer, mais pas ce que je cherche, rien qui sonne, rien appart une enceinte avec du reggaeton.

Je retourne vers le centre pour tenter de trouver d’autres musiciens. Notre taxi tombe en panne au milieu d'une avenue. Le chauffeur s’excuse, confus, comme si la vieille américaine avait trahi l’honneur de sa famille. Pas grave, je lui paye sa course et je continu à pied. Dans ma pérégrination citadine  je tombe sur deux musiciens de rue. Un Puerto Rican Cuatro, avec une carte d’autorisation plastifiée pendante au manche. Un des anciens, s’illumine quand je lui parle du projet. Il veut participer, je commence à lui faire écouté des ligne de batterie que j'ai récupéré avant de partir pour qu'il trouve une inspiration. Un jeune, badge officiel sur le torse, l’air de ceux qui surveillent plus qu’ils n’écoutent. Les regards changent. L’ancien se referme. L’autre ne semble plus tellement intéressé. Les notes s’étouffent dans une sorte de malaise. Il finit par me donner un numéro, mais plus tard, j’ai beau appeler, personne ne répond. Dommage !! 

Alors je décide d’aller boire un verre. Au Yurumi. Comme dit Bruno " toutes les infos sont aux bistro"

Nous ne sommes pas encore à l'heure de l'apéro que déjà toute l'équipe est en mode fiesta d'autant plus qu'il y a des visiteurs.

Jordan est dans le fond, et m'invite a sa table l'occaz' de partager un cigare et de me présenter un ancien membre du "Buena Vista Social Club. Il joue du güiro cette percussion qui répond à la clave taillé traditionnellement dans une calebasse.

Mais là, il est avec son ami et ils avait déjà bien entamé une première bouteille de rhum discrètement glissée dans un sac plastique avec des glaçons. Après un petit Jam pour l'ambiance, Jordan me propose d'être mon interprète pour une interview entre deux verres de rhum .

  

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00:00 / 08:31
00:00 / 01:09

“Hola hermano, nosotros vamos a la casa del Principale!!

You come with us ?? 

Je reçois un appel de Jordan directement a l'hospitaji

- Hermano ! Tu fais quoi ?

Je souris, je me doute déjà de la suite.

 HERENCIA, le groupe et Orlando tiennent à ce que t'assiste à leur prochaine session de répet'

— Ce sera chez Principal Carlos. Pas à La Havane même…. Mais ça vaut le coup. Ils tiennent à ce que tu sois là.

 Ducoup il me donne rendez-vous a une station de taxi P12,

— T’inquiète, elle est facile à trouver. Tu descends du bus, tu regardes autour de toi, je serai là. Deux heures après il y était, à essayé de nous négocier un taxi. il nous en trouve un, et nous voilà entassé dans un taxi pour un bon 30 minutes de route.

Le portail grince quand on entre. La cour de Principal Carlos est un studio bricolé par la vie, ampli réparé à la colle chaude, vieilles enceintes empilées qui font office de retour, Carlos me serre la main avec sérieux, puis lâche, presque comme une évidence :

— On enregistre une batterie reggae ? si tu veux Simple. Tranquille.

 On traverse jusqu’à la pièce ouverte qui sert de studio :

  PRINCE CARLOS 

ENREGISTREMENT 2

BATTERIE REGGAE

00:00 / 03:08

Je pose mon sac sur une chaise. J’en sors mon Zoom H6: comme ma carte son, mon cœur de setup, 

Orlando arrive à ce moment-là, basse sur l’épaule, sourire tranquille et aide Carlos pour monter la batterie.

— Regarde-le, avec son petit studio dans la poche, plaisante-t-il en tapotant le Zoom du doigt.

Je place les micros : deux overhead minimaliste au-dessus de la batterie, un 57 sur la caisse claire,
un micro bricolé en kick, que je rentre dans le H6 avec un pad -20dB.

Je règle le gain en écoutant le son dans mes écouteurs, pas besoin de plus. Ici, le mix se fait à l’instinct.

Carlos s’assoit derrière la batterie. Il tape quelques coups, teste un groove reggae lent, comme s’il apprivoisait le tempo juste assez pour le laisser respirer.

— T’es prêt ? lance-t-il en me regardant.

Je lève le pouce, le H6 déjà armé, Orlando compte, musical, presque théâtral :

— Uno… dos… tres… QUAAATRO.

Et ça joue. Le groove se met en place : lourd, collant, avec un rebond paresseux sur la caisse claire, un kick qui tombe comme un pas trop lourd sur une route chaude. Le Zoom enregistre tout : la réverbération brute de la pièce, le ventilateur qui vibre.

Je surveille les niveaux sur l’écran du H6 , ajustant au millimètre ( et oui pas encore le 32 bit flottant).

Rien n’est propre, rien n’est parfait, mais tout sonne vivant. Un reggae cubain, détendu, presque insolent. 

— Ça, tu le gardes. Ça, c’est bon.

 BILAN DE LA SEMAINE 

Je suis parti sans plan. Deux appareil photos, de quoi enregistrer, et l’envie de laisser la musique me guider. Au final, je repars avec les premières notes de ce voyage, gravées quelque part dans un vieux quartier de La Havane. Les enregistrements, les images : il y a de quoi raconter. De quoi faire vivre tout ça.

J’ai croisé des musiciens incroyables, des gens généreux, des histoires qu’on ne trouve qu’ici, au détour d’une rue, dans une arrière-cour, lors d’une répétition improvisée.

Seul bémol. Un sac de matériel a disparu pendant que je descendais dans le sud de l'île. DOMMMAGE !! Et malgré l’aide de tout le monde, impossible de remettre la main dessus. Impossible aussi d’en racheter : ici, la débrouille est reine, et l’informatique relève presque du luxe, surtout quand certaines marques sont introuvables après soixante ans de sanctions.

Ça fait partie du jeu. Perdre, improviser, s’adapter. À moi maintenant de transformer ce contretemps en force, d’apprendre. La suite des enregistrements  se jouera comme la musique cubaine : avec ce qu’on a, et beaucoup de cœur.

Sponsors de la sessions 1
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